La Tyrrell P34 de Yuji Watahiki – 2020
Yuji Watahiki est né en 1966, il est le fils d’un carrossier, patron de l’entreprise « Custom Build & Restore WATAHIKI » à Migawa, au nord-est de Tokyo, qu’il avait créé en 1964. Aujourd’hui c’est lui qui a repris l’entreprise familiale. Il répare et personnalise des voitures classiques locales, mais il aime surtout travailler sur les Porsche (il roule en 911 (996) Cabriolet et a possédé 2 autres Porsche) et sur d’autres Supercars.
Il se dit timide mais c’est assurément un homme intelligent, travailleur et plein d’humour, et surtout un véritable artiste carrossier.
Avant d’entamer le sujet qui nous intéresse, il faut savoir que Yuji a déjà créé quelques œuvres, il a conçu à la main une Lamborghini Jota entièrement en aluminium. La Jota était en son temps un modèle unique de course créé par Lamborghini sur la base de la Miura P400 qui a malheureusement été détruit lors d’un accident. Le seul exemplaire qui reste aujourd’hui est celui de Yuji Watahiki, et il est exposé au Musée Ferruccio Lamborghini en Italie.
Plus tôt, il avait aussi créé une Dino Ferrari qu’il expose régulièrement au Japon.
Le ton est donné, l’artiste n’est pas resté longtemps devant une feuille blanche, l’idée à rapidement germée dans son esprit, celle de créer une Formule 1, la Tyrrell P34 à 6 roues.
Yuji est un homme très branché, inscrit sur Facebook, Instagram et YouTube (Je ne l’ai pas trouvé sur Twitter). Pour ceux qui me connaissent et me suivent sur Facebook, je suis à l’affut des 6 roues et dès que Yuji a publié dans un groupe à propos de sa Tyrrell, je me suis empressé de l’inviter sur sixmania.garage et de le demander en ami !
Son aventure Tyrrell lui a rapporté plusieurs milliers d’abonnements sur YouTube.
Yuji est aussi collectionneur de modèles réduits et il a dans sa collection une maquette de Tyrrell P34 qu’il avait construite plus jeune, c’est ce qui l’a décidé à la choisir. Comme il n’a pas de plan, il va commencer à créer la vraie à partir du modèle au 1:24, et il va utiliser un patron en papier. Il décrit cette procédure de la manière suivante : « Si vous avez la voiture d’origine, collez le papier et tracez-le avec un crayon. Dans le cas de la Jota en aluminium, j’ai mis un morceau de papier sur la véritable Lamborghini Miura et l’ai mesuré. »
Chaque nouvelle idée a d’abord été dessinée à main levée, puis réfléchie plus murement, cotée puis créée.
Il y a presque pire dans cette belle histoire, à l’heure des programmes 3D évolués comme Catia de Dassault System et des machines numériques de conception, Yuji lui imagine ses modèles dans son esprit, puis il utilise un marteau, (certes il en a plusieurs modèles, pointu, arrondi, plat ou fort) et il a aussi un chariot (une espèce de cale en métal qui se place en dessous de la plaque à marteler). La seule matière que Yuji utilise est la feuille d’aluminium.
Lorsqu’il a commencé dans le métier, il n’avait pas les moyens de s’offrir une machine à frapper appelée Craft Former, il a donc dû le faire manuellement et depuis il continue à travailler manuellement comme un sculpteur. Son fil de 24 ans l’aide aussi dans son travail, il marche sur les traces de son père et de son grand-père.
La Tyrrell de Yuji n’est pas une réplique fidèle de l’originale, en respectant tout de même le design de l’époque, il couvrira le moteur car ça ne sera pas un Ford Cosworth, mais un Suzuki Hayabusa car il est léger et a l’avantage d’être facile à assembler.
Du coup les suspensions arrières proviennent de GXS-S1000 de Suzuki, le différentiel est un Suzuki Cappuccino, et l’arbre de transmission et le moyeu arrière sont dérivés de la Lancia Delta Integrale. Les voitures Mazda telles que l’Eunos Roadster (type NA) étaient compatibles, Il a donc décidé d’acheter des pièces NA telles que des disques de frein. Le boîtier de direction vient d’une Porsche 911, il a acheté une entretoise de F3000 qui est fixée avec un verrou central des roues arrière. La liste n’est pas exhaustive mais permet de comprendre comment cette voiture a été conçue, autour d’une carrosserie.
La Tyrrell devrait peser entre 300 et 400 kg pour un moteur de 200 ch.
La voiture a 2 visages, son pilote est Peterson quand elle a sa carrosserie, et lorsqu’elle est enlevée, c’est celle de Depailler qui est inscrite sur le châssis, de quoi s’y perdre !
Le temps de création total sera d’environ un an et la voiture sera présentée dans une exposition de voitures anciennes et de Supercars, la Sambre Festa (dans la ville d’Ota, préfecture de Gunma) en juin 2021 comme Yuji l’avait prévu.
Sur le lieu de l’événement, elle a été non seulement exposée, mais les spectateurs ont aussi pu la toucher et s’installer aux commandes. La voiture était peinte aux couleurs de la Tyrrell P34, mais n’avait pas encore son moteur.
En septembre 2021 la Tyrrell P34 sera exposée dans une galerie japonaise, devant un magasin Louis Vuitton.
Pour la note humoristique, Yuji a un fidèle compagnon qui réponds au nom de Dino !
Je vous invite à visionner les vidéo YouTube de cbrwatahiki, ça vous permettra de voir comment il travaille le métal avec son marteau, ça nous permet d’effleurer l’esprit de Yuji Watahiki.
https://www.youtube.com/user/cbrwatahiki
Si vous avez besoin de ses services, il est joignable ici :
Adresse : 3-528-2 Migawa, Mito City, Ibaraki 310-0912
Tel/Fax 029-243-0133
URL : http://cbr-watahiki.com
Renseignements : http://cbr-watahiki.com/mail.html
Un énorme merci à Toru Matsumura pour ses articles, desquels je me suis inspiré pour écrire cet article – https://www.gaisha-oh.com/soken/watahiki-tyrrell-p34-ep1/
Toutes les photos de cet articles proviennent de Yuji Watahiki, et de ses vidéos et de Toru Matsumura.